La réalisation d’un voyage au long cours laisse forcément un vide sur le CV, qu’il faut d’une manière ou d’une autre combler, mais en toute transparence. Ce vide peut être une force, il faut en être fier ! Après 13 mois à parcourir le monde, je suis rentrée en France avec pour objectif de chercher du travail. Oui mais voilà, entre mon diplôme et le début de ma recherche il s’était passé presqu’un an et demi. Quoi mettre sur mon CV ? Comment valoriser mon expérience à l’étranger auprès d’un employeur ? Comment m’armer pour mes entretiens d’embauche ? Je vous dis tout ici.
Faire le bilan de son tour du monde
L’une des premières choses à faire avant de s’atteler à son CV c’est de faire le bilan de son aventure en se posant les bonnes questions. Pourquoi ai-je décidé de voyager plusieurs mois ? Qu’est-ce que cette expérience m’a apporté ? En quoi ces voyages peuvent être un atout à l’embauche ? Toutes ces questions, je me les suis posées avant d’inscrire noir sur blanc mes réponses. Tôt ou tard, vous allez devoir y répondre et il vaut mieux s’y être préparé pour mettre toutes les chances de votre côté et aborder le sujet avec force, conviction et assurance. Je vous propose mon bilan personnel en guise d’exemple, si cela peut vous aider dans votre réflexion.
Pourquoi ai-je décidé de voyager plusieurs mois ?
Je suis partie en voyage parce que j’avais envie de découvrir le monde et de prendre l’air après deux décès dans mon entourage proche. J’avais besoin de prendre du temps pour moi, de me retrouver et d’établir une distance avec mon quotidien tout simplement. Ça c’est l’une des vraies raisons mais elle est liée à ma vie personnelle. J’ai donc préféré mettre en avant une autre raison, celle d’avoir envie de découvrir le monde, de m’ouvrir l’esprit pour me nourrir de nouveaux sujets (j’étais auparavant journaliste, alors c’est le genre d’expériences qui attire l’attention), d’être plus à même de parler de sujets différents, de comprendre le monde qui m’entoure…
Qu’est-ce que mon voyage m’a apporté ? & En quoi ces voyages peuvent être un atout à l’embauche ?
Mon tour du monde m’a fait grandir, m’a donné confiance en moi, m’a challengée bien au-delà des limites que je me connaissais, il m’a permis de faire mes deuils… Un voyage est un révélateur de personnalité. Je pensais découvrir le monde en voyage, ce que j’ai fait, mais je me suis aussi découverte. J’ai appris à connaître réellement celle que je suis bien loin d’un quotidien, de quoi je suis capable dans les meilleures comme dans les pires situations et ce que j’ai au plus profond de moi en ressources (le courage, la patience, la détermination, l’adaptabilité, la sociabilité, la générosité, l’émotivité, l’organisation, l’endurance, la force physique et psychologique…). Le voyage est un outil formidable de développement personnel. J’ai réussi à trouver des solutions aux problèmes, à relativiser les situations, à faire face à mes pires peurs en prenant sur moi. Vous voyez, rien que ces différents points sont facilement transposables dans le milieu professionnel : il y a des métiers qui demandent ces qualités humaines. En voyage, j’ai aussi dû faire et défaire mes affaires régulièrement, m’organiser pour ne rien oublier, m’organiser pour laver mes vêtements, pour trouver un toit pour la nuit, un repas… faire face à l’imprévu et aux situations de dernières minutes. Enfin, un point parmi encore tant d’autres, la gestion de mon budget. Je suis partie avec une enveloppe à tenir pour tout réaliser. Ces derniers points peuvent attirer l’attention d’un employeur car vous lui démontrez ici que vous êtes apte à prendre la gestion d’un projet et de son équipe de A à Z avec tous les bénéfices et aléas que cela comprend (respect des deadline, gestion des imprévus, organisation d’un budget, organisation du travail et des équipes, adaptabilité à l’environnement professionnel…) Si vous décidez de lister les bénéfices de votre voyage, vous vous rentrez très vite compte que ces derniers sont transposables au milieu professionnel et que vous avez là vos arguments !
Intégrer son expérience du tour du monde à son CV
Vous vous demandez sûrement où intégrer votre expérience tour du monde sur votre CV ? Faut-il la mettre dans la catégorie « loisirs » ? Est-ce qu’une simple mention tour du monde entre 2012 – 2013 peut-être suffisante ? À ces questions, je dirais que non. Vous devez valoriser votre voyage et cela passe, selon moi, par du story telling. Il faut que vous racontiez une histoire qui emmène les recruteurs avec vous en voyage et qui leur donne envie d’en savoir plus sur ce que vous avez fait. Ensuite, il faut marketer cette ligne de votre CV pour parler le même langage que votre futur employeur. N’hésitez pas à lui parler, sur le papier, d’objectifs, de moyens, de réussites et de compétences. L’un des premiers à l’avoir fait dans la grande famille des voyageurs, c’est Ludovic Hubler. Il a très vite valorisé son voyage en stop en parlant de doctorat de la route. J’ai trouvé l’idée formidable et je m’en suis inspirée à mon tour. Comme je vous l’indiquais ci-dessus, le voyage m’a aidé à m’adapter partout, en toutes circonstances et c’est une qualité que j’ai acquise. J’ai ressassé tout au long de mon voyage que mes 13 mois d’aventures m’avaient plus appris que mes vingt-deux ans de scolarisation et je n’exagère pas. J’ai donc décidé de valoriser mon expérience du voyage sur mon CV au même niveau qu’un diplôme. Après un Master en communication, j’ai décidé d’inscrire un MBA en adaptabilité culturelle et environnementale. Une manière détournée de pouvoir en dire plus que dans la catégorie « Loisirs » et de mettre au centre de mon CV l’expérience qui me semble en tous points la plus riche !
Assumer son choix et exposer ses motivations en entretien d’embauche
Ne vous y méprenez pas, un break peut être apprécié d’un employeur, tout dépend comment vous choisissez de le valoriser sur le CV et à l’oral. J’ai rencontré des recruteurs en quête de CV attirant l’œil : une passion personnelle, une aventure sportive, une expérience à l’autre bout du monde… Ils sont nombreux à porter leur attention là-dessus bien au-delà de la formation et des expériences professionnelles. L’employeur recherche des salariés à l’image de son entreprise, le salarié recherche une entreprise en accord avec ses valeurs. C’est pour cela qu’il faut accorder une attention toute particulière à ce que votre voyage vous a apporté personnellement mais aussi professionnellement. Par exemple, lorsque je suis rentrée de mon tour du monde, je me suis vite rendu compte que l’adaptabilité était devenue une qualité à mettre en avant sur mon CV. J’étais capable de vivre n’importe où et de m’adapter à n’importe quelle équipe. Vous pouvez aussi rencontrer des managers qui ne comprennent pas et qui ont des craintes à embaucher un profil tourdumondiste. Ce qui est remis en question c’est clairement l’employabilité : est-ce que vous allez vous investir ? Est-ce que vous allez être motivé par le poste ? Est-ce que vous n’allez pas être tenté par le fait de repartir quelques mois après et laisser tomber l’entreprise ? L’incertitude est ce qui ronge de nombreux recruteurs mais cette incertitude de la personne, de son investissement, de sa capacité à bien intégrer l’entreprise, cette incertitude n’est pas propre à un voyageur mais à n’importe qui ! À cela, j’ai répondu que j’avais fait ce voyage après mes études et avant ma vie professionnelle pour pouvoir m’engager pleinement dans une carrière sans être frustrée par un rêve profond, une envie de parcourir le monde, un besoin de partir. Ce que j’avais à vivre, je l’ai vécu. Ceci est un argument majeur. Et puis, vous pouvez aussi compléter en expliquant que ce voyage vous a aidé à vous connaître et à être à même de comprendre et de répondre à vos attentes, c’est pour cela que vous êtes à cet entretien aujourd’hui.
Cette expérience a développé chez moi :
- Une capacité à savoir valoriser mon expérience
- Une aptitude à savoir me vendre face à un employeur
- Un pouvoir de synthèse
- La capacité à transformer une prétendue faiblesse en une force
- Le plaisir de faire rêver un employeur
2 Comments
Super !! J’accroche vraiment avec ton idée, je suis de retour après 19mois en Australie sans trop savoir comment valoriser ce séjour qui a été bien plus formateur que tout ce que j’avais pu vivre auparavant. MERCI!
Super, je suis contente de voir que mon article t’aide dans la valorisation de ton expérience à l’autre bout du monde 😉