Faire le tour du monde, c’est un choix mais c’est aussi une prise de risques. La simple idée d’un ailleurs méconnu fait souvent peur à notre entourage et c’est normal. Un parent a toujours du mal à laisser partir son enfant, que ce soit du foyer familial qu’à l’autre bout du monde. Mais pour autant, est-ce que ça lui donne le droit de décider à notre place et de s’opposer à notre projet ? Je ne crois pas, j’en suis même convaincue. Je vous explique comment j’ai géré cette situation et quels sont mes conseils si vous êtes confronté(s) au même problème que moi il y a quelques années.
Les a priori de nos proches sur le voyage
J’ai annoncé à mes proches que je partais faire le tour du monde trois mois avant mon départ. J’en parlais déjà depuis un moment mais ce n’était encore qu’une idée pour eux, pour moi c’était déjà bien plus dans ma tête. Mes effets d’annonce avaient pour but de prendre la température mais finalement tant que l’on n’est pas devant le fait accompli, tout va bien dans le meilleur des mondes. Les choses se corsent ensuite. « Papa, maman, je pars faire le tour du monde. » Cette phrase a eu l’effet d’une bombe. J’ai ressenti la peur dans le regard de ma mère et l’incompréhension dans celui de mon père qui ne s’est pas fait attendre pour me lancer un « pour quoi faire ? ». Mes parents n’avaient encore jamais voyagé de leur vie et à ce moment-là n’avaient encore jamais pris l’avion. Leurs craintes étaient donc fondées. Pour ma part, j’avais déjà voyagé à plusieurs reprises mais jamais aussi longtemps et jamais aussi loin. Si vous ne connaissez pas encore mon parcours, c’est par ici ! Là, je leur annonçais un an à l’autre bout du monde dans des pays dont ils avaient entendu parler uniquement à la télévision et dans les meilleurs des programmes anxiogènes, les infos TV : séisme à Bali, viol à Bombay d’une journaliste, pollution en Chine, disparition d’un étranger à Hanoï, crash d’un avion entre Paris et Rio… Heureusement, je ne voyageais pas seule et ça c’est un bon argument. J’avais choisi de voyager en couple. Dans la famille de mon ex-copain, son père n’a pas vu les choses de la même manière. Chef d’entreprise, il a tout de suite pensé à l’après et tenté de nous dissuader de partir en tour du monde pendant un an. Il voulait que l’on réduise notre voyage à trois mois. C’était selon lui, l’espace temps acceptable sur un CV. Ses questions sont tombées : « Comment allez-vous justifier un an de voyage sur un CV ? », « Vous n’arriverez pas à trouver du travail à votre retour », « Un an c’est beaucoup trop long ». J’ai d’ailleurs écrit un article sur Comment valoriser son tour du monde sur son CV, pour le petit clin d’œil. Bien que j’entende ces à priori et ces peurs, il n’en reste pas moins que selon moi, un parent doit accompagner un enfant dans ses projets de vie et accepter ses décisions. Par conséquent, j’ai décidé d’assumer mes propres choix et de me lancer malgré tout, avec ou sans le soutien de mes proches. Personne ne doit être une entrave au bonheur d’un autre, à son épanouissement et à son identité.
Se libérer des comportements toxiques pour oser voyager
Ce sont souvent les personnes qui nous aiment le plus qui ont un comportement toxique avec nous-même mais elles ne s’en rendent bien souvent pas compte, elles pensent bien faire pour nous alors qu’en réalité elles font bien pour elles (je précise pour qu’il n’y ait pas de malentendus dans le terme toxique, que je parle là de personnes qui nous veulent du bien mais qui agissent mal). J’ai vite compris que je ne partageais pas les mêmes valeurs du voyage avec mes parents et que l’on ne pouvait pas se comprendre. Le voyage a pour moi un sens : il implique que je m’émancipe pour m’ouvrir l’esprit, que je me libère de mon quotidien, que je m’enrichisse par l’inconnu. Pour eux, le voyage c’est un mauvais choix qui fait peur et qui ne sert à rien, du moins pas à grand chose (à cet instant précis où je m’apprêtais à partir). Mais ce qu’il faut comprendre si vous vous trouvez face au même problème, c’est que partir loin pour eux, loin des gens que l’on aime n’a pas de sens et ne sert à rien. Pourquoi aller à l’autre bout du monde alors que l’on a tout chez soi ? En réalité, et si vous creusez un peu, vous vous rendrez vite compte que votre rêve d’ailleurs les renvoient à une mauvaise image ou estime qu’ils ont d’eux même : un manque d’ouverture d’esprit, une peur de se lancer, un rêve inassouvi. Ma mère a toujours rêvé de voyager mais elle n’a pas pu le faire ; Mon ancien beau-père, lui, rêvait depuis longtemps de faire un tour du monde sans jamais l’avoir réalisé ; mon père était secrètement admiratif de quelque chose qu’il ne se sentait pas capable de faire. Tout cela, je l’ai découvert bien plus tard. Mon expérience m’a aidée à comprendre que l’avis d’un entourage est intéressant seulement s’il est constructif. Il ne faut pas permettre les comportements toxiques et pour cela il est important de mettre des limites. « J’entends ce que vous me dites mais j’ai besoin de partir en voyage pour vivre ce que j’ai à vivre. » Dans ce genre de situation, l’éloignement peut s’avérer être la meilleure des solutions. Vous savez, mon père qui ne comprenait pas à quoi cela servait de voyager a été l’un de mes plus grands fans durant mon tour du monde. Il a lu chaque article de mon blog et a parlé de mon voyage avec fierté à tout son entourage. Tout cela, je l’ai su par d’autres personnes qui me l’ont raconté. Et puis, quelques jours avant de partir, il a déposé sur mon oreiller une enveloppe dans laquelle il y avait de l’argent et un mot qui disait de l’utiliser pour me faire plaisir, je suis d’ailleurs retombée dessus il y a peu de temps. J’ai pris cela comme une approbation à ma décision de partir faire le tour du monde. Finalement, vous voyez que des choix assumés peuvent amener à ouvrir l’esprit de votre entourage.
Cette expérience a développé chez moi :
- Une capacité à défendre mes choix et à les assumer
- Une fierté à avoir su aller au bout de mon projet malgré vents et marées
- L’orgueil d’avoir osé voyager malgré mes nombreuses peurs à moi aussi
- Une satisfaction à avoir réussi à mobiliser mon entourage autour de mon voyage
- Mon sens de la rébellion au sein de la famille
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