Après douze mois à crapahuter à travers le monde, j’avais envie d’un dernier défi sportif : réaliser le tour des Annapurnas. Le Népal est un terrain de jeu fabuleux pour s’enivrer de décors plus sublimes les uns que les autres et pour se confronter à l’altitude. J’avais besoin de ressentir une dernière fois l’adrénaline d’un trek dans le cadre de mon tour du monde avant un retour à la maison. C’était en 2013 et le souvenir est toujours bien présent comme si finalement j’avais vécu cette aventure hier.
LE NÉPAL, LA MECQUE DES TREKKEURS
Je rêvais d’Inde et je suis tombée amoureuse du Népal. Je pourrais vanter pendant des heures la beauté de ce pays et la gentillesse de ses habitants mais ce sera l’objet d’un autre article. J’ai envie de vous partager là, mon expérience folle du trek du tour des Annapurnas. Car en effet, le Népal est un pays que l’on visite d’en haut. Le trek au Népal est bien plus qu’un passe-temps ou un sport, il est l’un des symboles de la culture du pays au même titre que le surf en Australie. Katmandou, Pokhara, Besisahar… certaines villes sont rythmées par les départs en montagne. Elles sont de véritables terres d’accueil des randonneurs, des trekkeurs, des alpinistes en soif d’altitude et de sommets. Elles voient partir et revenir ces marcheurs en quête d’extrême portés par les cimes. Parfois certains partent et ne reviennent pas, ceux qui tentent leur chance sur le toit du monde, l’Everest. Se déplacer en marchant est ici un mode de vie, une mise sur pause qui permet de donner du temps au temps et de retrouver une place dans un environnement où la nature est reine.
LA PRÉPARATION PHYSIQUE AU TREK
Un an de voyage avec un sac sur le dos en permanence et des treks réalisés aux quatre coins du monde tels que le W au Chili, la Vallée Sacrée des Incas jusqu’au Machu Picchu ou encore la Cordillera Blanca au Pérou, les sentiers d’El Chalten en Argentine (…) ou encore le Cotopaxi en Equateur, ça aide pas mal en termes de préparation physique. C’est comme ça que je me suis véritablement préparée physiquement au trek du tour des Annapurnas en me défiant sur des sommets de plus en plus difficiles en termes de dénivelé et donc d’altitude ; et sur des parcours de randonnée de plus en plus longs. Deux heures, 1 jour, 2 jours, 4 jours, 12 jours… J’ai acheté mes premières chaussures de randonnée en 2012 et j’ai découvert le trek la même année. Je n’avais alors jamais fait de randonnée auparavant. Dites-vous bien que j’étais à cette période-là de ma vie, une véritable novice de la montagne. Durant cette année, j’ai marché des milliers de kilomètres, je me souviens m’être amusée à les compter à mon retour mais je ne me souviens plus du nombre exact. Mes pieds ont eu le temps de s’endurcir. J’ai également appris de mes erreurs comme le fait d’avoir toujours des pansements sur soi et des chaussettes sèches à portée de main, de préparer un poids de sac à dos adapté à son poids de corps pour résister dans le temps, d’avoir de l’eau et des barres de céréales en bonne quantité… Bref autant de petits détails qui sur le terrain permettent de grandes choses.
GUIDE OU PAS GUIDE ?
Le tour des Annapurnas est un trek balisé dans son ensemble qui peut se réaliser sans guide pour les personnes les plus aguerries et préparées physiquement. Il faut pouvoir se sentir capable d’évoluer durant douze jours avec un poids sur les épaules, de longues heures de randonnées quotidiennes dans les pattes et l’altitude qui vous désoriente parfois et vous serre la tête comme dans un étau. La question s’est posée de prendre un guide ou pas, d’être accompagnée d’un sherpa ou pas et franchement je n’ai pas hésité longtemps. Je n’ai pas pris de guide mais c’est vrai que je n’étais pas seule, nous étions deux. D’un point de vue éthique, je ne me voyais vraiment pas faire porter mon sac à dos par une autre personne que moi. D’un point de vue géographique, il parait que tous les chemins mènent quelque part alors je me suis lancée après quelques recherches et une étude précise du parcours, des distances et des étapes nécessaires à l’acclimatation à l’altitude.
LE TRACÉ DU PARCOURS
Je vous livre les étapes de mon parcours avec le dénivelé et les distances afin que cela puisse vous aider à réaliser un jour votre tour des Annapurnas en 11 jours et vivre, je l’espère, l’une des plus belles expériences de votre vie.
Jour 1 : Besisahar (820 m) – Ngadi Bazar (890 m) : 13 km
(départ en bus de Pokhara (840 m) pour rejoindre le point de départ du trek)
Jour 2 : Ngadi Bazar (890 m) – Chemje (1310 m) : 16 km – 8h
Jour 3 : Chamje (1385 m) – Dharapani (1900 m) : 11 km – 6h
Jour 4 : Dharapani (1900 m) – Chame (2700 m) : 14 km – 7h30
Jour 5 : Chame (2700 m) – Upper Pisang (3300 m) : 15 km – 6h
Jour 6 : Upper Pisang (3300 m) – Manang (3550 m) : 19 km – 7h30
Jour 7 : Manang (3550 m) – Ice Lake (4600 m) – Manang (3550 m) : aprox 11 km – 7h
Jour 8 : Manang (3550 m) – Letdar (4200 m) : 12,3 km – 5h
Jour 9 : Letdar (4200 m) – High Camp (4850 m) : 7 km
Jour 10 : High Camp (4850 m) >> Thorong La Pass (5416 m) : 5 km & 2h30 d’ascension >> Muktinath (3800 m) : 15 km – 7h
Jour 11 : Jomson (2720 m) – Pokhara (820 m) : retour en bus
LA GESTION DU MAL DES MONTAGNES
S’il y a bien une chose avec laquelle il ne faut pas jouer c’est le mal des montagnes ! Il m’est arrivé d’avoir mal à la tête mais pas au point d’en perdre la raison car l’altitude peut avoir des effets hallucinogènes. Durant tout ce trek, j’ai veillé à écouter mon corps et à revoir les distances quand parfois je ne le sentais pas. J’ai privilégié l’ascension progressive plutôt que la précipitation pour habituer mon corps au fur-et-à-mesure. Je voulais atteindre le sommet du Thorong La Pass et je ne voulais pas à avoir à faire demi-tour en cours de route. Ce n’est malheureusement pas une science exacte et la résistance du corps à l’altitude dépend de beaucoup d’autres facteurs extérieurs : l’état physique, l’état de fatigue, une bonne hydratation, une bonne alimentation, une randonnée progressive… J’avais sympathisé avec un groupe de randonneurs accompagné d’un guide et de sherpas. Sur les quatre, l’un d’eux n’a pas atteint le sommet pris du mal des montagnes et a dû être rapatrié en hélicoptère. Il aurait pu m’arriver la même chose c’est pour cela qu’en prévention il faut boire beaucoup.
TU MONTES, JE MONTE
J’ai eu les larmes aux yeux à de nombreuses reprises durant ce trek dans les Annapurnas. J’ai lutté à rejoindre Upper Pisang parce qu’après plusieurs jours le corps fatigue, les épaules se font douloureuses et le sol se dérobe plus facilement sous nos pieds. Je trébuchais, je m’essoufflais et j’avais le moral dans les chaussettes à cause de la fatigue ! J’ai pleuré lors de l’ascension finale parce que c’était dur, j’ai pleuré au sommet parce que j’étais fière et j’ai pleuré dans la descente parce que je réalisais tout ce que je venais d’accomplir. C’était dur, j’avais mal partout et je manquais considérablement de souffle : les effets de l’altitude ! Mais tout au long de ce trek, je savais une chose, c’est que j’allais y arriver parce que je n’étais pas seule. J’allais parvenir à me hisser au sommet parce que la personne avec qui j’ai réalisé mon tour du monde et avec qui j’ai partagé cette aventure n’a cessé d’être là à mes côtés, parce que chaque personne rencontrée sur le chemin et avec qui nous avons continué à avancer, m’a donné de la force, parce que je leur ai donné de la force, parce que cette famille des Annapurnas, que l’on s’est créé tout au long des douze jours, m’a aidé à puiser au plus profond de moi des forces insoupçonnées. J’ai promis à l’un d’eux de le rejoindre pour le marathon de Jérusalem, à un autre que le prochain village n’était plus très loin sur la carte, j’ai promis qu’on se rejoindrait tous au sommet et au bout du compte, là où nous avions commencé ce trek à deux, nous l’avons fini à quatre. Tu montes, je monte – je monte, tu montes, voilà l’état d’esprit de cette folle aventure sportive et humaine qui a clôturé mon tour du monde. Et puis en réalité, aucune des personnes rencontrées ne serait restée sur le bord du chemin parce qu’ensemble nous étions plus forts même si quelques jours auparavant nous ne nous connaissions pas, parce qu’ensemble nous l’avons fait !
Cette expérience a développé chez moi :
- Ma confiance en moi et en l’autre
- Ma capacité à écouter mon corps et à le comprendre
- Mon amour pour l’aventure et la nature
- Mes compétences d’infirmière : savoir réaliser des pansements pour ampoules 😉
Découvrez également le podcast Je suis une aventure de Pauline Soreda sur mon expérience du Tour des Annapurnas en cliquant ici.
Comment
très agréable … Je fait comme votre blog. des détails extrêmement utiles.